QUEL EST LE MEILLEUR MORS POUR MON CHEVAL ?
Outils de torture pour certains, canal de discussion pour d’autres, que ce soit par sa forme, son alliage ou son élaboration, le mors n’a cessé d’évoluer en 4000 ans d’utilisation.
On peut choisir la taille des anneaux, ou la présence d’aiguilles. Les canons peuvent être droit, simple ou à double brisure. Les fabricants ont créé des alliages en cuivre, en caoutchouc ou en résine. Filet simple, bride, Pelham, à 2 ou à 4 rênes… le nombre de produit est incalculable.
La plus belle conquête de l’Homme pèse de 100 à 1400 kg et mesure de 0,80 m à 2 m. Quel que soit sa taille et son poids, il est plus fort, plus rapide et plus endurant que nous. Le but du mors est de canaliser cette force. Que les chevaux puissent exprimer leurs potentiels, tout en étant garant de la sécurité de son utilisateur, de son entourage et du cheval.
Si le mors est trop doux, que le cheval passe au travers, nous n’avons pas de contrôle. Par contre, si le mors est trop dur, cela va engendrer des défenses qui seront dangereuses.
Aussi, comment trouver la meilleure embouchure pour son cheval ?
UN SUJET VIEUX COMME LE MONDE
- Les premiers mors en métal datent de 4000 ans. On suppose qu’avant les Hommes utilisaient des embouchures en cuir ou en nerf.
- dès l’antiquité, Xénophon insiste dans son traité « De l’équitation », sur l’importance de l’acceptabilité des embouchures par les chevaux et surtout comment le cavalier doit s’adapter à celle-ci.
- Au XVIème siècle, des écuyers français et italiens étudièrent tous les détails anatomiques des chevaux : locomotion, squelette et système musculaire. Ensuite, ils regardèrent les qualités de la bouche : Forme du palais, taille des lèvres, épaisseur de la langue… Ceci leur permettant par la suite de faire forger le mors le plus adéquat à chaque cheval, leurs buts étant de respecter leur intégrité corporelle et mentale.
- Au XIXème siècle, les écoles d’équitation européenne amenèrent de nouvelles évolutions. Les études des grands écuyers à l’instar de François Baucher amenèrent la création de nouveau mors comme le Baucher.
- Au XXème siècle, des cavaliers comme Pessoa ou des fabricants comme Feeling créèrent des mors plus adaptés aux nouvelles races de chevaux ou poneys et aux sports équestres. De plus, les évolutions technologiques permirent la fabrication de produits plus moderne avec de nouveaux alliages.
INTERVENIR SUR LA BOUCHE POUR GERER LE CORPS
On distingue 3 fondamentaux dans l’équitation : Equilibrer, Avancer, Tourner. La main par l’intermédiaire du mors va réceptionner l’impulsion produit par la poussée des postérieurs ce qui permet d’agir sur ces principes.
Voyons comment le mors intervient sur les 3.
1°/ EQUILIBRER
Il va permettre de gérer l’équilibre longitudinal. Le fait de relever ou de laisser s’abaisser la nuque va occasionner le report de poids entre les hanches et les épaules. Cela va occasionner une poussée plus verticale ou plus horizontale
2°/ AVANCER
Bien sûr le mors est utile pour ralentir le cheval. Mais, le mors n’est pas qu’un frein. Il réceptionne la poussée des postérieurs. Ainsi il sert de régulateur de la tension du dos. Il permet d’orienter l’impulsion afin de régler l’amplitude, que ce soit en donnant un point d’appui, ou en variant le contact avec la bouche du cheval.
3°/ TOURNER
Non le mors ne sert pas à faire tourner son cheval. Même si cette phrase peut sembler être de la provocation, il s’agit quand même d’une réalité. Si vous ne me croyez pas allez demander au débutant à poney qui s’échine à tirer sur sa rêne droite, son cheval le regardant droit dans les yeux en tirant la langue et qui continue à aller à gauche.
En effet, l’embouchure agit sur le bout du nez. Mais, ce sont les épaules qui permettent de tourner. Le mors ne sert qu’à orienter la tête de son cheval. La qualité et l’angle du contact (ainsi que la volonté pour les shetlands) vont permettre le déplacement latéral. Le mors sert à orienter le bout du nez afin de contrôler les épaules.
QUEL EST LE MEILLEUR MORS POUR UN CHEVAL : LA NOTION DE CONTACT
Jusqu’au XIXème siècle, la première prérogative était de conserver le contrôle. Surtout lorsque l’on conduisait un attelage au milieu de rues bondées ou lorsque l’on chargeait sur un champ de bataille. Ainsi, nos aïeux ont créé un mors avec des pointes sur les branches pour empêcher l’ennemi de s’accrocher à l’embouchure, ou d’énormes embouchures à gourmette dont l’action stop des attelages.
Aujourd’hui, le mors va permettre de faciliter les trois fondamentaux de l’équitation. De ce fait, il va aider à orienter le cheval en fonction de l’activité demander et de son anatomie. Mais le cavalier va aussi lui demander d’améliorer le contact avec la bouche.
“On nomme le contact, le rapport moelleux, confiant et permanent qui doit exister entre la main du cavalier et la bouche du cheval”.
Arrêtons-nous sur cette définition.
Un mors dur va permettre d’obtenir un contact moelleux. Pas grâce au relâchement, mais grâce à la contrainte exercé sur la bouche.
Usain Bolt a une scoliose. Il a un dos complètement tordu et lorsqu’il court il, s’appuie plus sur un pied que sur l’autre. Pour un cheval avec ce fonctionnement son cavalier aurait pu dire en sortant du parcours qu’il tire à droite. 2 solutions se serait alors présentées à son propriétaire :
- Soit, accepter ce déséquilibre et compenser par beaucoup d’exercice de relâchement.
- Ou alors, mettre un mors plus dur. L’effet produit sera un allègement du contact pendant quelques temps. Le cheval travaillera droit. Bien sûr, au bout de quelques mois, il boitera. Un ostéo interviendra, ensuite, il aura une méso dans le dos ou alors une infiltration et ainsi il deviendra peut-être devenu champion du monde de son village …
Le but de cette démonstration n’est pas de critiquer les mors durs. S’il y a autant de mors c’est parce qu’il y a une infinité de chevaux et que les différents accessoires amènent une action différente. A partir d’un certain niveau, si vous voulez gagner en précision, vous êtes presque obligés de monter sur des embouchures plus complexes, qui répondrons mieux au physique de votre cheval.
Un mors doit être adapté aux contraintes anatomiques, et non pas servir au confort du cavalier. Ce qui permet de dire que le meilleur mors est celui qui va permettre de donner la plénitude des moyens du cheval et pas celui qui va prendre sur son physique.
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