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FEMME, MÈRE ET CAVALIÈRE
L’équitation est LE sport féminin par excellence en France. Autrefois, à part quelques exceptions, seuls les hommes montaient à cheval. Au fil du temps, le changement de statut du cheval et l’évolution de la condition féminine ont modifié la donne. Comment les femmes arrivent-elles à être mère et cavalière ?
LES FEMMES ET L’ÉQUITATION AU FIL DU TEMPS
MYTHES ET RÉALITÉ
Jusqu’au 20e siècle, l’équitation est très souvent associée aux hommes. En effet, le cheval est utilisé soit à des fins militaires ou utilitaires. Malgré tout, dans certaines civilisations d’Asie, l’équitation est mixte pendant l’Antiquité. Il y a peu de femmes présentes dans les récits à part quelques exceptions comme les amazones, la reine phénicienne Didon et la mythique reine de Babylone Sémiramis. La femme cavalière est souvent liée aux mythes et aux légendes, tel Epona déesse cavalière gauloise ou Jeanne d’Arc. Au 7e siècle, certains peuples de nomades de l’actuel Kazakhstan, comptaient parmi leurs cavaliers près de 20 % de femmes.
Avant le 14e siècle, la majorité des femmes montaient une jambe de chaque côté du cheval pour voyager. La selle de monte amazone ayant été inventé pour faciliter la monte des femmes de la noblesse avec leur tenue. C’est à la fin de cette période que la monte à califourchon est progressivement interdite aux femmes en Europe. Ainsi, les femmes restent sous la dépendance des hommes pour monter et descendre de cheval. À la renaissance, elles sont autorisées à participer aux chasses à courre, mais avec des chevaux particuliers qui leur sont attribués.
À PARTIR DU 20e SIÈCLE
Au siècle dernier, le cheval change de statut, et devient athlète et compagnon de loisir. C’est à cette période que la pratique se féminise. Même si, l’accès à l’équitation pour les femmes, dépendait essentiellement du statut social et de la région géographique. En 1930, la loi française donne l’autorisation aux femmes de porter un pantalon pour monter à cheval. À partir de 1950, les compétitions deviennent mixtes dans tous les pays du monde, dans les trois disciplines olympiques.
C’est surtout après les années 70, que la fédération française d’équitation voit son nombre de femmes licenciées augmenter de manière constante. En effet, en 1963, elles représentaient environ 50 % des licenciés, aujourd’hui, c’est 80 % ! L’équitation est le 1er sport féminin de France (selon les sources IFCE et INJEP).
On remarque tout de même que les cavaliers de haut niveau sont essentiellement des hommes. La vie d’une femme est marquée par son rôle de mère, ainsi beaucoup d’entre-elles sont obligés de mettre entre parenthèses leur carrière de cavalière professionnelle. Mais on constate que de plus en plus de femme arrivent à concilier les deux et reprennent très vite le chemin des concours.
Parmi les cavalières de loisirs, dont ce n’est pas le métier, les choses sont un peu différentes. La pression n’est pas la même. Il est intéressant de voir au travers de nombreux témoignages que chaque femme s’adapte, s’organise ou bien est obligé d’arrêter de monter à cheval.
LES GRANDES FEMMES DE « CHEVAL »
Certains noms ont marqué l’histoire, en voici quelques-uns.
Kate Marsden : au 19e siècle cette femme, infirmière et exploratrice a parcouru à cheval 18 000 km à travers la Russie.
Martha Jane Canary, alias Calamity Jane est une des figures emblématiques de la conquête de l’Ouest. Elle monte à cheval « comme un homme » depuis son plus jeune âge et rejoins les armées du Général Custer en tant qu’éclaireuse en 1872. C’est là qu’on lui donne le surnom de Calamity Jane lui est donné. Malgré ces nombreuses expéditions, elle donne naissance à trois enfants et ne cesse jamais ces chevauchées à travers l’Ouest ou en spectacle. (Buffalo Bill, l’Ouest sauvage)
Pat Smythe, d’origine britannique, elle est romancière équestre et d’autobiographies. Elle est la première femme qui participe aux Jeux olympiques en saut d’obstacle et a remporté une médaille de bronze dans l’épreuve de saut d’obstacles par équipe aux Jeux olympiques d’été de 1956 de Stockholm. Malgré de nombreux problèmes de santé, elle continue de monter à cheval et devient maman de deux filles Lucy et Monica.
Pénélope Leprévost, cavalière française avec de nombreux titres internationaux, elle concilie sa carrière de cavalière de haut niveau avec celui d’être mère. D’ailleurs, sa fille Eden est elle-même cavalière, et on les retrouve régulièrement sur les mêmes terrains de concours.
Meredith Michaels-Beerbaum, incroyable cavalière pour qui il est important de jouer son rôle de maman à plein temps. Sa fille, Brianne, passionnée d’équitation, peux compter sur sa mère, gagnante de nombreux titres qui consacre énormément de temps à suivre sa fille à l’entraînement et en concours. Elle dit elle-même avoir mis un frein à sa carrière pour pouvoir soutenir sa fille.
QUAND LA « FEMME CAVALIÈRE » dEVIENT MÈRE
Beaucoup de cavalières sont confrontées à cette situation, comment continuer de monter à cheval et être mère ? À l’instar de beaucoup d’autres sports l’équitation est très chronophage, d’autant plus si vous êtes propriétaire ! La préparation, la monte et les soins sont font partie intégrante du temps passé à l’écurie. Avoir un enfant est un moment unique et magique et ce petit être devient le centre de nos préoccupations. Il faut donc en amont se projeter et bien prendre conscience que nos vies vont changer et que bien souvent, nous ne pourrons plus avoir autant de temps avec notre cheval. Ceci évite de faire face à des frustrations le moment venu.
La première étape de cette grande aventure est la grossesse, avec la question que l’on se pose toutes…
PEUT-ON MONTER À CHEVAL QUAND ON EST ENCEINTE ?
L’équitation est un sport dangereux, il est d’ailleurs classé dans les sports à haut risque. Le plus gros risque est la chute, ainsi ne plus monter à cheval supprime les risques pour une femme enceinte. Certaines choisiront de limiter les risques en adaptant leur monte à chaque étape de grossesse.
Le premier trimestre est celui où le risque de fausse-couche est le plus grand, les secousses à cheval et les coups violents, ne sont donc pas conseillés à ce titre. Durant le second trimestre, les choses sont plus tranquilles, le ventre ne s’est pas encore trop arrondi et on peut encore trouver sa place sur la selle. En revanche lors du dernier trimestre le corps c’est métamorphosé, l’équilibre aussi, et bébé prend maintenant beaucoup de place. C’est pourquoi en cas de chute les conséquences peuvent être importantes, car il y a de fortes chances de se réceptionner sur le ventre. Ainsi, bon nombre de cavalières renoncent à monter à ce moment-là.
Mais pas de panique ! On peut, durant toute sa grossesse, vivre sa passion équestre d’une autre manière. Par exemple en privilégiant le travail à pied, renforcer d’autres liens avec son cheval, ou confier la monte à une autre personne en profitant de les regarder travailler.
CONCILIER SON RÔLE DE MAMAN AVEC SA VIE DE CAVALIÈRE
C’est le résultat d’un savant dosage ! Malgré tout, beaucoup de femmes arrêtent l’équitation pour reprendre des années plus tard ou bien ne reprennent jamais. Le manque de temps, est souvent le facteur principal, mais il y a aussi le facteur risque. Quand on a un enfant, on se rend compte que nous devenons responsables de lui, qu’il compte sur nous. Ainsi, il y a une prise de conscience et souvent la peur rejoint nos émotions pour ne plus laisser de place au plaisir de monter.
Attention, il n’y a pas de règles dans ce domaine ! Certaines cavalières remontent très vite après leur accouchement, d’autant plus si c’est leur métier. Les cavalières professionnelles, doivent gérer leur entreprise, ou honorer leur contrat. Élevé un enfant dans ses conditions est un travail d’équilibriste. C’est dans ces instants qu’on remarque à quel point la vit de cavalière se vit en famille. Dans bien des cas, les enfants embrasseront eux aussi une carrière dans le milieu équestre. Certains aspects logistiques facilitent la répartition du temps entre travail et famille comme d’habiter dans l’enceinte de l’écurie. Une fois maman, certaines cavalières admettent avoir levé un peu le pied et sortir un peu moins en concours. Ainsi, elles se libèrent du temps pour leur vie de famille et orientent différemment leur carrière.
Beaucoup de mamans partagent très tôt leur passion avec leur enfant en les emmenant à l’écurie ou sur les terrains de concours. Certains enfants deviendront des adeptes, mais d’autres préféreront la danse, le foot… Dans tous les cas, il ne faut pas forcer son enfant à vivre la même passion que soit ou pis encore projeter sur lui des rêves d’une carrière équestre que l’on n’a pas eue.
Les chevaux et les femmes ont encore de belles histoires à nous raconter !
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